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Le Petit Courrier de Biarritz - Dimanche 27 Avril 1890
       
 

" Depuis vingt ans, Biarritz est devenue de plus en plus une des stations préférées de l'aristocratie anglaise et le nombre de ses résidents augmente d'année en année. C'était un devoir pour tous, ici, de procurer à nos hôtes d'hiver toutes les distractions qu'ils recherchent et de leur donner l'occasion de se livrer, dans de bonnes conditions, à tous ces jeux qui développent l'activité physique et procurent ces récréations corporelles si utiles au maintien de la santé.

Tour à tour, la ville a secondé de son mieux toutes les tentatives qui étaient de nature à plaire à nos visiteurs. Nous avons eu d'abord le skating, puis le lawn-tennis qui est encore en pleine prospérité. Nos résidents anglais désiraient avoir un point où l'on put jouer le Golf. Ce n'était pas facile de trouver, dans une ville où les terrains ont pris une si grande valeur, en emplacement assez spacieux et dans de bonnes conditions pour l'y établir. Les promoteurs ont trouvé dans le Conseil de Biarritz et le Syndicat le concours leplus absolu et le plus dévoué et grâce à leurs démarches, un merveilleux terrain a été trouvé dans le nouveau quartier où le décor de la nature augmente l'attrait de ces gaies parties où chacun rivalise d'entrain, excité par l'air sain et pur du large, qui ne glisse dans la poitrine qui l'aspire, le moindre de ces microbes saturant l'air des grandes villes.

C'est le Golf dans le golfe de Gascogne (qu'on nous pardonne ce jeu de mots) que nous aurions pu donner pour titre à cet article car des terrains de la joute, les amateurs peuvent reposer leur vue sur le séduisant amphithéâtre qui enserre l'Océan sur ce coin des côtes françaises et espagnoles.

Il y a à peine deux ans que ce sport a été implanté parmi nous qu'il a pris déjà un grand renom au dehors et surtout en Angleterre et que ce terrain exite la curiosité de tous les amateurs qui, tôt ou tard, voudront le connaître et l'expérimenter. On ne peut en douter, et nous allons immédiatement corroborer notre affirmation par des preuves.

Les deux journaux anglais les plus importants en matière de sport publient en effet les articles suivants dans leurs numéros de cette semaine.

 

 

 

 

     
THE FIELDS dit
 

LE GOLF A BIARRITZ

" La saison touche à sa fin, S.A.R. Mme la princesse Frédérika voulait bien, la semaine dernière, distribuer dans une grande réunion des prix offerts par le Syndicat pour Golf, Lawn-Tennis et jeux d'échecs. En ce qui concerne le Golf, ceux qui ont l'intention d'hiverner à l'étranger feront bien de jeter un coup d'oeil du côté de Biarritz et nous sommes assurés qu'ils y séjourneront le plus longtemps possible. La température est parfaite, la neige s'est montrée deux fois cet hiver, mais depuis octobre jusqu'au mois de mai, le Golf a été toujours praticable, à quelques jours près.

Nos voisins de Pau nous jalousent un peu et nous retournent le même reproche, tandis qu'au contraire, nous professons le plus grand respect pour leurs parcours, leurs imperméables et leurs parapluies : le tout étant d'excellente qualité, nous le reconnaissons.

Le terrain du Golf domine la mer, l'air qu'on y respire produit l'effet du champagne ; après l'avoir aspiré quelques temps, nos compatriotes, retour de l'Inde, changent leur épiderme à vue d'oeil et trouvent que la vie a encore du bon.

L'aigle judiciaire d'Edimbourg est en train de se remettre des vents glacés qui règnent dans Prince's street en rendant des arrêts concernant la pelouse. Lord Shand et Lord Killachy, tout reverdis, ont passé ici quinze jours, ce qui est beaucoup. Au lieu de gaspiller son temps comme à la Riviera en abusant du mistral, on respire ici l'air le plus pur en faisant un excellent exercice sur le terrain du Golf. D'un côté, on a en perspective les Pyrénées couronnées de neige ; de l'autre l'Atlantique et ses continuels changements : lorsqu'on a fait deux fois le parcours, on regagne l'hôtel et l'on se sent bien plus charitable pour le voisin.

Pour ceux qui désirent se couvrir de gloire ou de médailles, il y en a à profusion. Indépendamment de celles du Syndicat, S.A.R. la princesse Frédérique, Mrs Bentinck, baron de Longueil, Col. Templeman, Mrs Barclay, Mrs Leman, Sir Arthur Clark Jervoise, Mrs Steiskopff, Mrs Balfour, Major Clowes, Mrs Cunningham et Aubépine se sont montrés généreux et ont aussi offert des prix. Le handicpa pour la médaile de Lord Shand a été gagné par M. Gerald Campbell, en 93 coups et la médaille Shand, pour dames, par Miss Wailes ; le prix de S.A.R. par M. Campbell et Mme Whitwell et la médaille Bryce par Miss E. Barclay qui, dans le prix du Syndicat, arrivait seconde, battue seulement par sa soeur. MM. Claude Barrow et Lacy enlevaient le prix pour hommes.

Le parcours, sous la surveillance de Willy Dunn, s'améliore chaque jour. Les difficultés, et une fissure de l'Océan en fait partie, sont imposantes et fournissent un parcours très sport. Le terrain des dames est très fréquenté : n'étant pas condammées à se servir uniquement du niblick ou bulger inclusivement. Malgré tout, elles se plaignent encore un peu et cherchent à faire prévaloir leurs droits même sur NOTRE terrain ".

 
The WOLRD dit

" Les Golfers désirant échapper l'hiver prochain aux rigueurs du climat anglais, agiront sagement en se dirigeant vers Biarritz, où la saison d'hiver, qui finira vers le milieu du mois prochain, a été des plus brillantes.

Le terrain inauguré il y a environ deux ans, a été grandement amélioré par les intelligentes dépenses qui y ont été faites sous la direction de Tom Dunn, l'année dernière et de son frère Willie Dunn qui étaient chargés cette année, de la surveillance du terrain et de celle du Club.

Les résultats n'ont pas eu seulement pour but de rendre parfaites les pelouses qui entourent les blouses (?) mais encore d'améliorer tout le parcours sur d'excellents endroits pour attirer, ce qui rend l'usage du maillet de fer beaucoup moins fréquent que la première année. Les dames, aussi bien que les messieurs, se sont énormément amusées sur leurs terrains particuliers : le nombre des joueurs a dépassé la centaine et celui des dames a encore été supérieur.

Le terrain n'est pas recouvert d'une verdure aussi parfaite que celui de Pau, résultat qu'on obtient qu'après beaucoup d'années de soins, mais il est très supérieur et peut être donné en exemple à celui de Wimbledon.

Situé sur le plateau du Phare, au nord de la ville, le Golfer en faisant son parcours respire un air dont la pureté ne saurait être surpassée et domine, des falaises, une immense vue de l'Océan, l'oeil n'étant arrêté que par les profondeurs du golf de Biscaye, tandis que du côté opposé se voit toute la rangée des Pyrénées. Il est à peine besoin de dire que le parcours est très original avec les difficultés aussi nombreuses que variées qui exigent des joueurs une attention soutenue et qui exercent toute leur capacité.

Au nombre des grandes ressources qu'offre la ville, nous mentionnerons le British-Club, qui reçoit tous nos journaux et offre les mêmes avantages que le cercle de Londres, et aussi les prix très modérés des hôtels. (La pension s'y payant 12 frs 1/2 y compris le vin ordinaire, très convenable du reste) ; ils sont du reste très réputés par leur confort et leur cuisine.

Les étrangers doivent s'attendre à trouver à Biarritz de fraîches brises et de la pluie de temps en temps, mais des séries de belles journées, éclairées par un beau soleil font vite oublier ces inconvénients : une jolie brise du Nord-Ouest doit être préférée par le plus grand nombre au dangereux mistral de la Riviera qui pénètre jusqu'aux os. Il y a eu chaque semaine des prix chaudement disputés. Les médailles offertes par Lord Shand, président du Golf, ont été gagnées par M. Gérard Campbel ; celle des dames par Mlle Walles ; celle de M. Bryce par Miss Emily Barclay. Les médailles offertes par le Syndicat de Biarritz pour deux handicaps et qui ont été remises par Madame la Princesse Frédérique de Hannovre, dans le jardin du Helder ont été gagnées par M. C. Barow, premier prix ; M. de Lacy, second, les prix des dames étant gagnés par Mlle N. Barclay et Mlle Emilie Barclay.

 

 
 

Indépendamment des noms déjà cités, nous remarquons, comme ayant joué, ceux de : M. le Baron Pawel von Rammingen, M. Wood, M. le Baron de Longueuil, Sir Charles Elliot, Sir Georges Dallas, Major Closses (qui depuis deux hivers a abandonné Pau en faveur de Biarritz), Sir Arthur Clerk-Jervoise, M. Thorold, M. Gurdon l'Honorable Secrétaire, Mrs Hosseil, Major Crookenden, R.A. Colonel Broadwood, Colonel Templeman, M. Laman, Mrs A. Hoare, Captain Grant, Mrs Boreel, Mrs Heil, Mrs Witwell, Mrs Cunninghan, M. Balfour de Balbornie et M. E. Balfour (qui occupe la villa La Rochefoucauld où S.M. la reine Victoria a résidé le printemps dernier), Lord Shand et Lord Killachy, de la haute cour d'Ecosse, le conseiller et le procureur d'Ecosse ; Mrs Faithfull et M.G.F. Melville.

Dernièrement, un match avait lieu entre les deux juges et les deux membres du parquet : la partie était perdue par ces derniers après une lutte acharnée. Les servants français ajoutent singulièrement à l'originalité du jeu : ce sont des enfants bien formés ouvrant de grands yeux intelligents. Quelques-uns sont petits, ils descendent des Basques : leur âge varie entre 9 et 13 ans ; ils doivent tous avoir l'autorisation du Club et sont tarifés à raison de 25 centimes le tour.

Un de ces enfants faisait dernièrement une réflexion destinée à faire le pendant à celle du servant de M. Balfour à Pau. Un officier de marine, s'étant beaucoup appliqué sur un coup des plus faciles, manqua sa balle et dissimulait mal sa colère. L'enfant se rendant compte de sa confusion s'écria énergiquement : Au diable la balle, Dama the ball, adoucissant ainsi les regrets du joueurs. Ceci indique en même temps que nos caddy's font de rapides progrès dans notre belle langue et dans les secrets du jeu ".

     
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