Sainte-Eugénie reflète la personnalité de ce prêtre si populaire dont le souvenir, cinquante après sa mort, reste vivace, à la limite de la légende.
Râblé, agile, imprévu dans ses commentaires, il était vif dans ses répliques, volontiers truculent (un confrère venu lui rendre visite alors qu'il était souffrant et alité lui dit : "Vous serez bientôt sur pied". La réponse fusa : "En attendant, je suis sur le cul..".
Les bénitiers, coquilles géantes en provenance de Manille (don du chanoine Juanchuto) et leurs équivalents en marbre ont permis bien des fois à l'abbé Larre de morigéner ses ouailles.
Les paroisiennes servaient de cible privilégiée : "Notre bénitier prétend... que ce sont précisément les plus laides qui sont les plus décolletées" (Le Petit Messager de Biarritz - bulletin paroissial 1915). Il arrive que même les hommes oublient "leur sens naturel de la mesure". Qui est cet individu entré dans l'église "tel un pelotari sur la place "en chemise et en culotte ?
Après avoir pesté contre les toilettes indécentes qu'il est condammé à refléter par le haut, le bénitier très disert se plaint d'être en butte, par le bas, à l'aspersion peu liturgique des toutous qui accompagnent quelques "élégances douteuses" !
Mais point besoin de bénitier pour admonester le sexe faible, accusé de tous les maux. "L'abondance de signes croix, fussent-ils triples, ne supplée pas le manque de corsage". La mysoginie de l'abbé Larre s'en donnait à coeur joie. Les robes ? "Trop basses d'en haut et trop hautes d'en bas..." Le rouge à lèvres ? On dirait "les gros numéros sur la porte de certaines maisons". Les femmes n'ont plus le sens du ridicule. Après avoir ressemblé à des fourreaux de parapluies, les voilà déguisées en abat-jour !