Les Hôtels


Hôtel d'Angleterre
 
Sur le terrain acheté en 1870, Marcel Campagne fit édifier ce qui serait soixante-quatorze ans durant, pour la gloire de Biarritz, un établissement de grande classe.

L'hôtel se composait alors d'une seule aile, celle de gauche. L'entrepreneur Louis Moussempès avait mis deux ans à réaliser les plans de l'architecte Tisné.

Dès 1872, on valsait dans le prestigieux salon (17 m de long sur 11 de large) aux accents de l'orchestre des frères Waldteufel.

Biarritz attirait plus que jamais une riche clientèle cosmopolite. La nécessité se faisait sentir d'agrandir.
Ce fut la création éclair (en dix mois) de l'aile droite. Elle communiquait avec le casino par un
passage discret et, avec l'aile ancienne, par un jardin d'hiver.


 

Le 20 avril 1878, on pendit la crémaillère dans la salle à manger neuve (32 m de long sur 12 m de
large avec une hauteur de plafond de 7 m). Trois cents becs de gaz répartis entre quatre lustres
illuminaient la pièce où se succéderaient dans les années à venir, bals, concerts, ventes de charité, conférences...

Du côté de l'océan, M. Campagne fit opérer d'immenses travaux de terrassement et de soutènement de la falaise.
De vingt-cinq employés en 1872, l'effectif du personnel passait à soixante-quatre, dix ans plus tard.

Depuis le portail monumental, le passant découvrait la cour d'honneur, son allée en fer à cheval, ses parterres fleuris, la pièce d'eau peuplée de poissons rouges.



C'est là que, par une splendide matinée de décembre 1896, le rendez-vous de chasse au renard rassemblait la foule des grands jours autour de trois femmes au destin brisé, la princesse Frédérika de Hanovree, la reine Nathalie de Serbie et Sissi, impératrice d'Autriche.

 
Les citoyens britanniques l'adoptèrent d'emblée. Certains revinrent sans discontinuer tous les hivers pendant vingt ans et plus. Les Tollemache établirent un record. En 1898, au dîner de Noël, Lionel Tollemache présidait la fête pour la 26e fois.

 
 
Les Anglais repartaient à l'arrivée des hirondelles et étaient remplacés par les Espagnols, puis l'automne ramenait la colonie russe, si nombreuse qu'il fallut engager un interprète.
L'hôtel accueillait aussi la famille royale belge : le comte de Flandres, frère du roi en 1885 et Léopold II par trois fois.

En 1905, le roi vint à Biarritz. On l'attendait à la gare de la Négresse : abandonnant personnel et bagages dans le train à Bayonne, il parcourut à pied, barbe au vent, les huit kilomètres qui le séparaient de Biarritz.
 


En 1895, Marcel Campagne mettait son hôtel en société et son fils, Paul, renonçait au barreau pour ce
métier d'hôtelier qu'il exercerait pendant plus de vingt ans.

     
Après le décès, en 1900, de Marcel Campagne, les initiatives de ses successeurs furent sujettes à
controverses. En 1901, les conseillers municipaux déploraient le manque d'entretien des pelouses
dominant l'océan, l'inscription en grosses lettres du nom de l'hôtel sur un mur de soutènement, la
présence de trois potences où l'on battait les tapis...
Ils refusaient l'autorisation d'ouvrir un tennis.
 
La réclame pour l'hôtel d'Angleterre en français...   et en anglais

Les Campagne vendirent l'établissement en novembre 1921 à Alfred Boulant, qui avait fait ses débuts à Biarritz comme directeur du restaurant du Helder puis qui s'était associé en 1898 à son oncle Emile Catelain dont il prit la suite au Casino Bellevue.

M. Boulant contribua pendant quarante années à l'éclat de la station par ses initiatives : batailles de fleurs, feux d'artifices, grands concerts classiques, séjours gratuites, restauration des arènes de Bayonne.

 

Le temps des monarques était révolu, mais la clientèle continuait d'affluer :
le maréchal Foch, les Churchill, le fils du président Roosevelt.

A la mort d'Alfred Boulant, l'ancien collaborateur de Louis Barthou, Henri Lillaz devint copropriétaire puis administrateur de la société des Grands Hôtels de Biarritz et de la société fermière des casinos.

     
Lors de la seconde guerre mondiale, l'Hôtel fut réquisitionné pour une formation allemande.
Au sortir du conflit, il se vendit en appartements.
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Textes de Monique et Francis Rousseau - Biarritz-Promenade
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