Les Quartiers de Biarritz

Casino Bellevue

Propriétaire rentier, " nabab poète et dilettante ", Raimundo-Benito de Monftort prit l'initiative de bâtir en
moins de trois ans un casino à Biarritz, en collaboration avec son père.

Il avait d'abord choisi l'Atalaye, vu la cherté des terrains, il se rabattit sur le champ Dizac-Barrère et des terres
appartenant à Bertrand-Jacques Ardoin. Il entreprit à ses frais les chemins qu'il fallait tracer autour de la construction.
Les travaux allèrent bon train avec deux cents ouvriers.


Vers la place Bellevue

La Place Bellevue en 1861
Le casino fut inauguré en 1858 ; à peine achevé, " la bonne société " envahit les lieux.
Les élégantes fréquentaient la terrasse sous laquelle on avait aménagé des boutiques.


Le Casino Bellevue en 1862


en 1873..

et en 1880

Deux ailes parallèles furent édifiées : la salle de théâtre, bals et concerts, d'après un modèle bruxellois, pouvait contenir mille cinq cents spectateurs.

L'autre aile, avec soixante-trois mètres de terrasse comprenait gymnase, cabinet de lecture dirigé par un libraire, billard, salle de conversation, salle à manger de cent couverts, café et salons particuliers.

 

Fondateur et actionnaire d'une " Société héliographique " (elle avait pour but de propager " l'art photographique "),
M. de Montfort ouvrit un atelier de photos au casino. Au bout de la terrasse, un photographe offrait à chaque abonné
un portrait-carte exécuté dans l'atelier, sur carton ou sur porcelaine.


La saison 1860 s'avéra particulièrement brillante. L'admission aux jeux (écarté, piquet, bouillotte, whist,
échecs, loto, dominos et trictrac) faisait l'objet d'une règlementation sévère.


M. Hébert, chef de la police impériale, filtrait les joueurs et les soumettait à un véritable interrogatoire.
Les mises ne devaient pas dépasser vingt francs par partie et les paris, dix francs par point joué.
 

Mais, lorsque Benito de Montfort mourut en juin 1871, on le disait ruiné. Son décès entraîna
la vente aux enchères du mobilier et des cent cinquante chambres à coucher de l'établissement.

Cyrille Gardères (du Grand Hôtel) prit le casino en main. Il fit installer l'éclairage au gaz en remplacement
du schiste. Les chefs d'orchestre Klotz et Gradwohl succédèrent aux frères Waldteufeul.
La réouverture du casino fut fixée au 28 août 1872.

Les amusements abondaient. Mais le théâtre était délaissé et on parlait de la création
d'un casino municipal concurrent.

On oubliait d'écouter la mer qui grondait au pied de la terrasse
pour applaudir Sarah Bernhardt dans " Fedora ".

A peine Emile Catelain venait-il d'acheter le Bellevue que le drame éclatait. Le 16 octobre 1886, l'incendie se déclara à trois heures trente du matin dans le théâtre de bois.

Il se propagea à une telle vitesse que la façade ouest de l'hôtel d'Angleterre s'embrassa.

Faute de moyens nécessaires, les pompiers durent préserver l'hôtel et laisser flamber les quatre-vingts mètres de façade du Casino.

La panique était à son comble. Le grand-duc Alexis, frère du Czar Alexandre III, prit une part active au déménagement du mobilier.

Des flammèches allumaient des incendies au Café Anglais, au Grand Hôtel, à l'hôtel de l'Europe.
Il n'y eut qu'une seule victime, rue Olivier, Mme Labarine (45 ans) qui mourut de saisissement, croyant à
l'embrasement général de la ville. Au petit jour, le Casino était calciné, des bijoux inestimables avaient disparu.

Il fallut reconstruire, ce qui fut fait dans les meilleurs délais par l'architecte Bertrand. Le 20 juillet 1887, l'établissement ouvrait à nouveau ses portes.

Le balcon-promenade retrouva son kiosque à musique.

Les bénéfices faisaient des envieux ; les pourcentages à payer à la commune donnaient lieu à d'interminables tractations. Le Conseil municipal démissionna le 4 octobre 1898 lorsque le Casino refusa de payer les quarante mille francs annuels de subvention.

Cette année-là, Alfred Boulant s'associait avec son oncle Catelain qui décédait deux ans plus tard.

En juillet 1902, Boulant inaugurait le casino agrandi. Pour la circonstance, il offrit un repas aux cent soixante seize ouvriers qui avaient travaillé à cette transformation.

 



Comme en 1870, le Casino devint hôpital en 1914. Quelques grandes dames dont la duchesse de Tamamès se signalèrent par leur dévouement.

Il appartint à l'architecte Laulhé de restaurer le Casino pour une nouvelle inauguration le 16 août 1926.

1933 fut dominée par l'affaire Stavisky, la plus grande escroquerie du siècle. Bien que condamné plusieurs fois, Serge Stavisky bénéficiait de puissants appuis.

Il jouait " un jeu d'enfer " avec des mises proches de cinq cent mille francs, tutoyait croupiers et voisins de tapis au baccara. Prié un jour de se retirer, il le prit de haut et produisit une carte de fonctionnaire de la Sûreté générale.

 



Le café Anglais Place Bellevue

Après la deuxième guerre mondiale, les annales retiendront en juillet 1950, le spectacle de ballet de
Roland Petit suivi d'un gala de quatre cents couverts, les succès du violoniste Jacques Thibaud,
la venue de Joséphine Baker, le bal Goya en 1951 où les robes Dior, Jacques Fath, Balenciage
et les rivières de diamant revêtaient les belles élégantes.


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Texte de Monique et Francis Rousseau - Biarritz-Promenades
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