Les Villas de la
montée du Phare

 


Avenue de l'Impératrice, la montée vers le Phare

Villa Les Mouettes
(premier plan,puis Eugénie, Frégate et les Vagues)
On doit la construction de la villa à Félix-Léon Pascault qui la vendit en 1907 au Comte de Fuenclara, marquis de Taracena.

La maison fut étrennée en location par un jeune couple britannique, les Eckford, auxquels la fortune souriait. Il leur arrivait de gagner 30 000 francs au baccara en une soirée ! En 1904, ils donnaient aux Mouettes un bal précédé d'un dîuner de seize couverts. L'orchestre Rosenfeld anima la danse jusqu'à 4 h du matin. Les objets du cotillon étaient exceptionnels : éventails en ivoire, boîtes d'allumettes en argent doublée de vermeil, pendulettes, bagues, aquarelles représentant des mouettes.

Mme Eckford, âgée de 26 ans, périt l'année suivante dans le naufrage du Hylda qui sombra à l'entrée de la rade de Saint-Malo.

En 1910, Michel Zetlin, longtemps domicilié à Moscou acheta la villa.
Villa Les Vagues
Rue Louison Bobet

On doit la construction de la villa en 1897 à Pierre-Ernets Doux dont le premier domicile fut Le Goéland au plateau de l'Atalaye.

Alors sous-préfet de Bayonne, il reçut la reine Victoria en 1889 et deux ans plus tard, le président Sadi Carnot. Devenu préfet des Basses-Pyrénées en 1896, il termina sa carrière comme Trésorier-Général-Payeur des Alpes-Maritimes.

Une de ses filles, Yvonne, composait des morceaux de musique qui eurent quelques succès en son temps. Elle réserva toujours l'accueil le plus chaleureux aux artistes.

La maison, depuis sa création, avait vu défiler maintes célébrités : Louis Barthou, Pierre Loti, Pierre Benoît.

Si la villa " Les Vagues" a pendant soixante-dix ans vécu au rythme de la famille Doux, elle a, en leur absence, abrité bien des locataires.

Le grand-duc Alexandre Michaïlovitch et son épouse Xénia, soeur de Czar Nicolas II, n'étaient jamais aussi heureux que lorsqu'ils quittaient la Russie pour venir à Biarritz.

En décembre 1906, ils s'y installaient avec leurs six enfants, trois bonnes, cinq femmes de chambre, quatre maîtres d'hôtel, la dame d'honneur de la grande-duchesse, l'aide de camp du grand-duc, des précepteurs anglais et français.

L'impératrice douairière de Russie les rejoignit. Son arrivée par train spécial avec une armée de domestiques et de gardes du corps révolutionna Biarritz.

La famille rentra en Russie en juin pour y rester jusqu'au début de l'automne puis traversa à nouveau l'Europe (Baden-Baden, Cannes, Rome et Biarritz). Les festivités reprirent : parties de golf, dîners, soirées théâtrales, concerts, bals costumés, chasses au renard, retraites au flambeau, batailles de fleurs, concours hippiques, excursions, visites en voisin du roi Edouard VII. Ce fut le même scénario en 1909 et 1910. En 1912, le grand-duc et Xénia descendirent à l'hôtel du Paials.

Après la guerre, Alexandre revint, seul, au Miramar.

Villa Eugénie dite aussi de l'Impératrice
La maison fut construite en 1905 par MM. Cardy et Sauvage d'après les plans de l'architecte Cazalis pour Mme Vve Louis d'Amoreux de Nîmes.

Elle la louait tous les ans, officiellement à Lord Cassel, mais en fait à Alice Keppel, dernière maîtresse en titre du roi Edouard VII. La dame dont les communiqués de la Cour ne mentionnaient jamais la présence à Biarritz, allait et venait entre le Palais et sa maison dans la plus grande discrétion.
Elle la louait tous les ans, officiellement à Lord Cassel, mais en fait à Alice Keppel, dernière maîtresse en titre du roi Edouard VII. La dame dont les communiqués de la Cour ne mentionnaient jamais la présence à Biarritz, allait et venait entre le Palais et sa maison dans la plus grande discrétion.

 

Villa Quo Vadis
L'entreprise Cardy construisit Quo Vadis et sa voisine, Sigismond, sur les plans de l'architecte Cazalis pour le compte des Mendelssohn.

Sigismond Mendelssohn était correspondant à l'étranger de journaux slaves et en 1910, il devint traducteur assermenté pour le russe, l'allemand et le polonais.

De nombreux locataires se succédèrent à Quo Vadis : la comtesse de Pange, la comtesse de Birmingham en 1911. La " Belle Otero " s'y réfugia lors de la déclaration de guerre de 1914.

Le docteur Poliakoff acheta Quo Vadis en 1927 mais, vu l'état désastreux de ses finances, n'y resta pas longptems.
Espoir, ex villa de Noailles

19, avenue de l'Impératrice

Appartenant à Lord Hambro, banquier de la couronne à Londres, qui créa avec MM. Waterlow et Weyer, la Société des terrains de Golf en 1894 afin de maintenir le jeu du Golf à Biarritz.

Lord Everard A. Hambro avait été nommé par Edouard VII responsable du King Edward's Nursing Home, institution des garde-malades anglaises, créé à Biarritz.



Vue de Biarritz depuis la Villa de Noailles


Carte de l'Agence Benquet pour la location de la villa
Begonia, ex villa Lady Roussel
rue du Prince Impérial

Construite en 1909, par l'architecte W.A. Destailleur, avec balcons, terrasses étagées et lourde ferronnerie, elle donne sur une cour en hémicycle. Elle était jadis bordée de jardins à la française.

La première propriétaire, Mme Chaslon-Roussel était connue à Paris pour ses caprices et ses extravagances de femme riche et aussi pour son fils, l'écrivain Raymond Roussel. Elle ne profita pas longtemps de sa somptueuse demeure où elle y mourrait le 6 octobre 1911.

L'armateur Ramon de la Sota l'acheta en juillet 1917 et la baptisa Begonia. Elle fut louée, le plus souvent, au financier belge, Alfred Loewenstein, détenteur de la 3e fortune mondiale. Par l'intermédiaire d'une société immobilière prête-nom, il l'acheta en 1926 avant de disparaître mystérieusement le 2 juillet 1928 en tombant de son avion dans la Manche.



Villas Lady Roussel, Espoir et Mira-Sol
Villa Mira Sol

Avenue de l'Impératrice
C'est le tailleur Pierre (Stanislas) Orossen qui fit construire la villa balnéaire. Après avoir exercé ses talents à Madrid, laissant son magasin de la rue Mazagran à ses deux frères, il réalisa son rêve en s'installant à Paris, place Vendôme, avec parmi ses clients, le roi Edouard VII. Il ne résista pas à l'anglomanie ambiante en transformant son nom en O'Rossen.


Mira Sol n'eut aucun mal à être louée. En 1909, Consuela Iznaga del Valle s'y installa. D'une famille de Louisiane d'origine cubaine, elle faisait partie de ces premières riches américaines à convoler avec un aristocrate anglais. Elle avait épousé à New York le 8e duc de Manchester. Spirituelle, enjouée, chaleureuse, la haute société l'appréciait beaucoup. Elle faisait partie de la côterie du roi Edouard VII qui lui rendit souvent visite à Mira Sol tout comme Alphonse XIII.

En 1915, l'ancien président de la République, Armand Fallières vint passer six mois à Mira Sol avec son épouse. Il arpentait tous les jours la plage. On le reconnaissait de loin à sa chevelure et barbe blanches, son parapluie, son feutre mou et sa légendaire cravate bleue à pois blancs.

La Roche Ronde
Avenue de l'Impératrice
Ce castelet tout droit sorti d'un roman historique emprunte son nom au rocher qui émerge de l'océan à proximité.

L'architecte Alphonse Bertrnd a signé cette construction néogothique bâtie sur un terrain acquis en 1882. Le propriétaire, Paul Bernain, était un descendant du premier maître lithographe établi à Bayonne. Esprit inventif, il fit rapidement fortune en proposant aux fumeurs les premiers petits cahiers de papier à cigarette.

Mise en vente en 1905, elle fut rachetée en 1907 par un médecin de Vichy, le Dr Eugène Willemin qui la revendit en 1924 à Mme Elio.

Celle-ci fit construire la tourelle d'angle afin d'y loger un escalier de service.

La reine Fabiola, veuve du roi Baudouin de Belgique, est souvent venue dans son enfance à la Roche Ronde chez sa grand-mère.

En 1950, de brillantes réceptions s'y déroulaient, mais dans les années 1990, la Roche Ronde, abandonnée, était menacée de destruction. Fort heureusement, cette pièce maîtresse de l'architecture biarrote a été sauvée et une rénovation intelligente l'a remise à l'honneur.

San-Martino, ex Castel-Adour, ex Montalivet
avenue de l'Impératrice

Ce chef-d'oeuvre de savante asymétrie avec son assortiment de toits et de décrochements est une des pièces majeures du patrimoine biarrot.

En décembre 1897, le Comte de Montalivet obtint le terrain au cours d'une seule enchère. Castel-Adour fut construite au début du siècle.
Il la revendit en 1922 à Léon-Joseph Capdeville qui ne fit que passer et qui la céda à son tour à Frederick-Henry Prince, banquier, président des abattoirs de Chicago et patron de 46 compagnies de chemin de fer.

Il y est mort en février 1953 à l'âge de 94 ans. Excellent cavalier, il faisait encore une promenade à cheval la veille de son décès. Une partie de sa fortune alla à un fonds de bienfaisance. Le mobilier de la villa fut dispersé aux enchères pour un montant global dépassant les dix millions de francs.

Villa Le Manoir, ex Velleda
avenue Mac Croskey
En mars 1897, la veuve de Jules Moussempes vendit ce terrain à un courtier en vins bordelais, Jean-Ernest Changeur. Sa femme fit construire la villa sur ses fonds dotaux. Les badauds venaient observer les travaux confiés à l'entreprise Naïer.

L'austère maison fut baptisée Velleda, du nom de la druidesse qui fomenta la révolte de sa tribu germanique contre l'Empire romain.

A peine achevée, elle fut rachetée par Fernand Muller, négociant en champagne. Il mourut en avril 1904, un an après son mariage avec Pauline Moiriat, chanteuse de music-hall.
Celle-ci épousa Paul Bolo, plus connu sous le nom de Bolo Pacha. Avec cet aventurier, Velleda entra dans l'Histoire (mais pas très glorieuse...).

Fils d'un clerc de notaire provençal, cet ancien élève du séminaire avait tâté de tous les métiers. Le khédive lui accorda le titre de pacha pour avoir pourvu son harem. Mme Bolo, qui ignorait que son mari avait déjà une femme légitime à Buenos-Aires, apporta dans sa corbeille de noces une rente très confortable. En achetant les terrains, elle constitua un parc de plus de 4 000 m² autour de Velleda.


Le couple Bolo jonglait avec les millions. Au retour de ses nombreux voyages (U.S.A., Suisse...) Bolo
lançait des invitations au Tout-Biarritz. Après le repas, il conduisait ses convives dans le salon de jeux,
prenait la banque au baccara et s'arrangeait pour perdre. Une fois l'an, il descendait en ville dans son
superbe " mailcoach " tiré par quatre percherons. L'homme était grand, mince, légèrement grisonnant.
Il portait avec beaucoup de " chic " moustache et monocle. Il affichait de nombreuses relations dont
quelques ministres. Pas de pénurie d'essence pour Bolo : en pleine guerre, il descendait de Paris à
Biarritz dans sa limousine. Le pacha cessa de voyager vers la fin de 1916. Il se fixa à Velleda où les
réceptions s'espacèrent.

1917 fut l'année de toutes les incertitudes et de tous les dangers. L'espionnite sévissait en France.
On découvrit que Bolo s'était fait " le caissier de la propagande allemande ". Il avait aidé le député
Humbert à acheter " Le Journal " (réputé pour organiser une campagne défaitiste) sur des fonds
provenant de la Deutsch Bank déposés au nom de Bolo.

Sur le plan local, on l'accusait, bien que ce chef d'accusation n'ait pas été retenu contre lui, d'avoir
par la fenêtre au-dessus de l'entrée, fait des signaux lumineux à des sous-marins allemands au large.
De vieux Biarrots affirmaient qu'ils avaient vu, de leurs yeux vu, s'allumer et s'éteindre la fenêtre alors
qu'enfants, ils jouaient sur la falaise au clair de lune....

L'arrestation et l'incarcération de Bolo Pacha à Fresnes firent l'effet d'une bombe à Biarritz. Lors de son procès,
il comptait sur le témoignage de ses " amis ". Ils se dérobèrent tous. Il fut condamné à mort le 14 février 1918.
La veille, le tribunal de la Seine avait annulé son mariage avec Pauline Moiriart.
Le président Poincarré refusa la grâce du condamné.
Le 17 avril, Bolo revêtit un élégant costume noir, refit par deux fois le noeud de sa cravate,
enfila des gants blancs pour être fusillé dans les fossés de Vincennes par douze volontaires.

Velleda, mise sous séquestre, resta fermée plusieurs années, puis vendue en 1920 à la
veuve du banquier canadien Daniel Frazer-Sutherland. En 1926, elle appartenait à un industriel
portugais qui entreprit de nombreux travaux de restauration. Elle fut par la suite vendue par appartements.

 

Etchepherdia (la maison verte)
Rue d'Haïtzart
L'architecte Henri Tétard et l'entrepreneur Amédée Dufourg d'Anglet bâtirent cette maison de style néo-labourdin, un peu sévère mais apte à résister aux pires bourrasques.

La maison fut vendue à un avocat, Pierre-Etienne Jollivet, en 1903, qui allait jouer de malchanche. Il se blessait en juillet 1905 dans un accident d'auto sur la route de la Barre, sa maison était menacée, le chemin d'Haïtziart s'éffritait. Les charrettes ne pouvaient plus l'emprunter. L'année suivante, un énorme éboulement en haut de la falaise échancra la voie. Les pluies torrentielles avait aggravé le mal. La municipalité dut élever un mur de soutènement.
Malgré tout, la villa se louait facilement. Lord Dudley, ancien vice-roi d'Irlande, y prit ses quartiers d'hiver et y invita à dîner Edouard VII et les princesses Béatrice et Ena de Battenberg (future reine d'Espagne).

Pierre-Etienne Jollivet décida de la vendre en 1909, mais elle ne trouva preneur qu'en 1917 avec l'armateur de Bilbao, Ramon de la Sota.

 

 

Les Villas du Plateau du Golf
 
Textes de Monique et Francis Rousseau - Biarritz-Promenades
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