Le couple Bolo jonglait avec les millions. Au retour de ses nombreux voyages (U.S.A., Suisse...) Bolo
lançait des invitations au Tout-Biarritz. Après le repas, il conduisait ses convives dans le salon de jeux,
prenait la banque au baccara et s'arrangeait pour perdre. Une fois l'an, il descendait en ville dans son
superbe " mailcoach " tiré par quatre percherons. L'homme était grand, mince, légèrement grisonnant.
Il portait avec beaucoup de " chic " moustache et monocle. Il affichait de nombreuses relations dont
quelques ministres. Pas de pénurie d'essence pour Bolo : en pleine guerre, il descendait de Paris à
Biarritz dans sa limousine. Le pacha cessa de voyager vers la fin de 1916. Il se fixa à Velleda où les
réceptions s'espacèrent.
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1917 fut l'année de toutes les incertitudes et de tous les dangers. L'espionnite sévissait en France.
On découvrit que Bolo s'était fait " le caissier de la propagande allemande ". Il avait aidé le député
Humbert à acheter " Le Journal " (réputé pour organiser une campagne défaitiste) sur des fonds
provenant de la Deutsch Bank déposés au nom de Bolo.
Sur le plan local, on l'accusait, bien que ce chef d'accusation n'ait pas été retenu contre lui, d'avoir
par la fenêtre au-dessus de l'entrée, fait des signaux lumineux à des sous-marins allemands au large.
De vieux Biarrots affirmaient qu'ils avaient vu, de leurs yeux vu, s'allumer et s'éteindre la fenêtre alors
qu'enfants, ils jouaient sur la falaise au clair de lune....
L'arrestation et l'incarcération de Bolo Pacha à Fresnes firent l'effet d'une bombe à Biarritz. Lors de son procès,
il comptait sur le témoignage de ses " amis ". Ils se dérobèrent tous. Il fut condamné à mort le 14 février 1918.
La veille, le tribunal de la Seine avait annulé son mariage avec Pauline Moiriart.
Le président Poincarré refusa la grâce du condamné.
Le 17 avril, Bolo revêtit un élégant costume noir, refit par deux fois le noeud de sa cravate,
enfila des gants blancs pour être fusillé dans les fossés de Vincennes par douze volontaires.
Velleda, mise sous séquestre, resta fermée plusieurs années, puis vendue en 1920 à la
veuve du banquier canadien Daniel Frazer-Sutherland. En 1926, elle appartenait à un industriel
portugais qui entreprit de nombreux travaux de restauration. Elle fut par la suite vendue par appartements.