Villa MARBELLA

 
 
Descendante des anciens rois d'Ecosse, Lady Mary Caroline, fille du onzième comte de Pembroke, avait épousé en 1837 Sir Brudwell Bruce qui siégeait à la Chambre depuis 1832. Il allait hériter du titre de marquis d'Aylesbury.

Lady Bruce, liée d'amitié avec Napoléon III, acheta à Biarritz, en 1863 plusieurs terrains en bordure de mer.
     

Elle revenait enthousiasmée d'un voyage en Espagne et fit bâtir une villa mauresque qui imitait les cours de l'Alhambra de Grenade ; une coupole de verre recouvrait le centre du quadrilatère de marbre, de céramique et de mosaïques.

Napoléon III se plaisait à se reposer dans le patio ; l'un des salons de la maison arborait le portrait de lui-même que le souverain avait offert à son hôtesse.

 
     
     
 
Le domaine comportait aussi des écuries, une conciergerie, un parc touffu, un court de tennis, bordé de hautes terrasses à balustres ouvragés.

Une stèle signalait le fusain planté le 3 mars 1879 par le prince de Galles, futur Edouard VII.
     
 
     
 
     

Celle que les Biarrots surnommaient " La Milady ", organisait à Marbella des rendez-vous de chasse et des réceptions pour la colonie britannique.

Lors de la chute du ministère Disraéli en 1880 (défaite écrasante des Conservateurs aux élections), les Parlementaires vinrent s'égayer au Grand Hôtel de Biarritz. Le Duc d'Abercorn, le marquis de Salisbury, ex-ministre des Affaires Etrangères, les Lords Clarence Paget, Osborne, Mazet et Vivian retrouvèrent leur collègue à Marbella.

Certains d'entre eux comme les Lords Hampton, Hamilton, Osborne et O'Brien se fixèrent à leur tour à Biarritz.

 

Le marquis d'Aylesbury mourut subitement à l'âge de 75 ans en Angleterre en 1886.
" La Milady " ne quittera plus Marbella, elle y décédait à son tour le 14 Octobre 1891.

Leur fils leur succéda. Mais il vendit la propriété en décembre 1908 au baron Pigeard, agent de
change parisien. Depuis la mort de " La Milady ", Marbella fut mise en location.

     
 
     

Le marquis et la marquise Gustave de Montebello, ambassadeurs de France à Saint-Pétersbourg, étaient annoncés à Marbella dès le mois de juin 1902. On leur installa tout exprès le téléphone.

Marbella fut louée en 1912 au Maharajah de Kapurtala. Ce prince oriental joua un rôle très important dans la vie
mondaine française de l'entre-deux guerres. Les fêtes qui se déroulèrent dans sa résidence du Bois de Boulogne ont marqué les mémoires. Les réceptions données à Marbella entre le 18 et le 21 septembre 1912 furent somptueuses.

Le Maharajah venait chaque année à Biarritz. Ses cinq fils l'accompagnaient à tour de rôle.
Ses 300 épouses l'attendaient sagement au foyer !

 

La Grande Guerre et la mort de la baronne Pigeard le 28 février 1917 amorçèrent le déclin de la villa. Le comte de Prat, secrétaire de la légation d'Espagne à Athènes, gendre de la baronne, vendit Marbella en 1920 à M. Tchernoff Sampson, Russe blanc réfugié à Biarritz et marié à une américaine. Le nouveau propriétaire entreprit la rénovation de la maison. Sa mort en février 1929 provoquait le 18 mai suivant la vente du mobilier de la transitoire " Ninouchka ".

La Société Immobilière de l'Océan acheta la propriété en 1930 ;
Marbella était condamnée à plus ou moins longue échéance.


Textes de Monique et Francis Rousseau - Biarritz-Promenade

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