Villa Hélianthe

Cristiano-Arturo-Antonio Heeren y Massa, richissime citoyen espagnol d'origine hispanique, acheta la parcelle de l'emplacement de l'aile sud 85 000 francs.

Il faisait le commerce du sucre entre l'Amérique du Sud et la péninsule ibérique. Son épouse, Virginia Gonzalez de Candamo, était la soeur du ministre péruvien.

Entre 1883 et 1884, en attendant que l'ingénieur Auguste Beck achève sa maison (l'actuelle aile gauche), le comte résida à Notre-Dame.

Les Heeren et leurs enfants étaient l'âme de la vie mondaine de la station. Les journaux se faisaient l'écho de leurs fastueuses réceptions.

Le service était assuré par trois Français, deux Belges, cinq valets et un cocher allemands sans oublier l'inévitable gouvernante britannique.

Lorsque la guerre de 1914 éclata, le comte mit sa demeure à disposition des autorités françaises pour l'accueil des blessés mais les rumeurs allaient bon train : des souterrains dans la falaise auraient mis la villa en communication avec d'éventuels sous-marins ennemis. La presse locale se déchaîna contre "les Boches de Biarritz", vouant aux gémonies ceux qu'elle encensait la veille encore.

Les Heeren repliés à Saint-Sébastien vendirent pour 900 000 francs, trois jours après la signature de l'armistice tout ce qu'ils possédaient à Biarritz.

Le nouveau propriétaire, l'industriel béarnais Georges Philippe, fit de la villa Heeren un hôtel qui prit le nom d'Hélianthe.

Le bâtiment initial comportait salons et fumoirs et, aux étages accessibles par ascenseur, salles de billard, chambres avec cabinet de toilette et téléphone, un luxe pour l'époque.

Dans l'annexe imitée de la villa d'origine et reliée à elle, un établissement médical fonctionnait. " Ll'Institut d'agents physiques" et " le Palais du régime " rivalisaient avec les plus belles installations suisses ou allemandes du même ordre. L'aile nouvelle était équipée pour la radiothérapie et l'électrothérapie. Les pièces pourvues de matériel de mécanothérapie, douches, massages, hamman, le laboratoire d'analysess, les salles de culture physique, la piscine entourée de cabines individuelles, regardaient vers l'océan. La façade ouest surplombait les flots par une succession de terrasses en jardins suspendus sur lesquels donnaient des galeries vitrées.

Quelques grandes vedettes des Années Folles firent les beaux jours d'Hélianthe :
la superstar d'Hollywood, Gloria Swanson, Charlie Chaplin et Cécile Sorel, sociétaire de la Comédie Française.

En 1926, Léon Blum choisissait la chambre que Cécile Sorel venait de libérer tandis
que le futur Edouard VIII d'Angeterre occupait une suite au premier étage.

Le prince de Galles, sous le pseudonyme de " comte de Chester " et son aide de camp, le général Trotter, cherchaient l'incognito mais tous reconnaissaient la voiture conçue pour l'héritier du trône. L'engin atteignait la vitesse vertigineuse de 140 km à l'heure. Beaucoup de Biarrots se glorifiaient d'avoir soutenu les pas chancelants du prince, victime de la dive bouteille.

Henri, quatrième fils du roi Georges V, appréciait aussi Hélianthe. Après une séance matinale de gymnastique et de boxe à l'hôtel, il chevauchait dans la forêt de Chiberta, passait l'après-midi au golf du Phare et s'essayait à la pelote basque.